Le « non » de l’enfant de 2 ans : une affirmation de la construction de son identité

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Les 2 ans de l’enfant sont un âge dit « du non » bien connu des jeunes parents. Ce comportement est souvent vulgarisé au détriment de questionnement sur la signification de ces scènes d’opposition et de ce qu’elles disent réellement de l’enfant. Décryptage et explications ci-dessous.

 

Pour l’enfant dit « non » ?

 

Les 2 ans de l’enfant peuvent souvent marquer le début d’une période de refus, de « non » à répétition, de colères et de hurlements. Pour les parents, ces scènes sont souvent perçues comme des refus qu’ils doivent supporter et qui finiront bien par passer avec le temps. Pourtant, il est utile de leur donner un sens plus fin afin d’y répondre de manière plus adéquate, pour le bien-être de l’enfant et de la paix familiale.

 

Selon la théorie de l’attachement de Bowlby, cette période durant laquelle l’enfant dit beaucoup « non » participe en fait à la construction de son identité. En disant « non », l’enfant cherche à se différencier de l’adulte. Ainsi, l’adulte, en tant que référent et donneur de soins à un rôle important à jouer dans cette construction :

– de la personnalité de leur enfant,

– de la régularisation de ses émotions,

– du mode de relation que l’enfant peut avoir avec l’autre en tant que tiers,

– du mode de négociation possible entre son désir et celui d‘autrui.

Voir cette phase d’affirmation comme une phase de construction et non comme une phase d’opposition va changer de façon radicale la réponse du parent, lui donnant une dimension beaucoup plus riche et aussi ne nourrissant pas besoin de s’affirmer de l’enfant négativement.

Lorsque l’enfant dit « non », cela constitue une occasion pour le parent de l’aider à prendre conscience de lui-même, de ses désirs et de sa position dans la société. Cela constitue l’essentiel de l’éducation d’une personnalité destinée à s’intégrer dans des groupes sociaux, qu’il s’agisse :

– de la crèche,

– puis de l’école,

– jusqu’à la vie professionnelle et affective.

Prendre de la hauteur par rapport à cela permet d’être moins emporté dans ses propres émotions en tant qu’adulte.

 

Souvent, le « non » de l’enfant et les colères qui en découlent sont considérés comme de la comédie, du caprice. Cela peut certes être le cas mais rarement avant un âge plus avancé où l’enfant sera en capacité de réaliser le rapport entre ses actes et les réactions de l’adulte, et le pouvoir qu’il a sur celles-ci. L’enfant de 2 ans est encore trop égocentré pour être aussi intentionnel dans ses prises de position.

Ceci étant dit, le quotidien des parents reste souvent très perturbé par cette période,  d’autant plus lorsque les refus succèdent pour chaque petite action de la vie quotidienne, qu’il s’agisse :

– du choix des vêtements,

– de la couleur du verre au petit-déjeuner,

– ou encore du fait de donner la main dans la rue.

Les parents reconnaitront toutes ces petites situations qui peuvent dégénérer et les mettre dans des impasses.

 

La première chose à prendre en compte, comme nous l’avons dit, est le sens de ces affirmations. A partir du moment où l’on comprend qu’il s’agit d’affirmations identitaires, l’adulte peut adapter sa façon de présenter les choses. Les formulations que l’on utilise ont un impact important : aux parents de choisir la stratégie qui correspond en réponse à la situation :

– soit en permettant l’évitement du choix,

– soit au contraire en proposant un choix à son enfant et en étant prêts à accepter la réponse qu’il donnera.

 

Comment aborder le quotidien pour éviter le refus systématique ?

 

Une formulation d’évitement de choix peut être : « J’ai mis l’assiette sur la table, commence ton repas », ou bien « Tes vêtements sont sur ton lit ».

Ces formulations factuelles ne donnent pas l’occasion à l’enfant de donner ou non son accord. Cela ne veut pas dire qu’il ne le fera pas. Si l’enfant vous dit alors qu’il préfère le pantalon bleu ou rouge, dites-lui de prendre le bleu. Au final, tout cela n’a peut-être pas beaucoup d’importance.

 

Une formulation de semi-choix peut aussi être une façon d’éviter le face à face qui peut être brutal, si vous, en tant qu’adulte, estimez qu’il est temps de sortir. Par exemple : plutôt que de demander son avis à l’enfant (« Veux-tu aller au parc ? »), mieux vaut lui donner la possibilité de choisir entre deux alternatives (« Nous allons au parc. Préfères-tu aller aux balançoires ou aller voir les canards ? »). De cette manière, l’enfant pourra s’affirmer sans être dans l’opposition.

Pour éviter ce genre de réaction négative, les parents peuvent utiliser une stratégie d’évitement face à une situation où ils savent que l’enfant va s’opposer.

 

Une formulation de choix avec risque de refus de l’enfant va induire de la part de l’adulte qu’il soit prêt à accepter le désir de l’enfant : « Est-ce que tu peux m’aider à mettre les courses dans la cuisine ? ».

Parfois la situation ne se déroule pas simplement. Dans ce cas, voici des solutions à utiliser, le but étant de préserver la paix à la maison, votre énergie de parent et une relation constructive avec votre enfant :

– choisissez la formulation qui correspond le mieux à la situation et à ce que vous attendez de votre enfant,

– en cas de refus de votre enfant interrogez-vous sur l’importance de maintenir votre position on non. Si vous faites marche arrière, précisez à l’enfant pour quelle raison : vous lui apprenez ainsi que l’on peut changer d’avis sans perdre son identité. Vous lui apprenez aussi à raisonner sur ce qui motive tel ou tel choix : « Ok je n’ai pas de problème à ce que tu portes le pantalon rouge, si c’est celui que tu préfères. Tout compte fait il ne fait pas trop froid, tu n’as donc pas besoin du bleu qui est plus chaud. »

– vous pouvez aussi accéder au désir de l’enfant en ajoutant : « Je crois que tu me demandes des céréales au lieu d’une tartine parce que tu n’aimes pas beaucoup cette confiture…»

– vous pouvez bien sûr refuser d’accéder à une demande en indiquant vos raisons : « Tu dois me donner dans la main dans la rue parce que si quelqu’un conduit mal je préfère te garder près de moi.»

– ou encore en exprimant à l’enfant ce qu’il ressent : « Je crois que tu es en colère car tu aimes bien faire ce que tu choisis. Mais là le repas est prêt et je ne peux pas te donner autre chose.»

 

Face à une colère, la réponse est parfois non pas de justifier si on doit acheter ou non tel ou te jouet au supermarché, mais de renseigner l’enfant sur ses émotions, : « Tu es en en colère. » ou « Je crois que tu as faim alors du coup mon refus t’énerve. », ou encore « Il me semble que tu es très fatigué on va aller à la maison se reposer et après on verra ce que l’on fera. »

Finalement, par les postures qu’il choisit, l’adulte référent montre qu’il n’a pas « peur » des réactions de l’enfant. Cela nécessite aussi qu’il ait confiance en lui, en sa légitimité de parent. Il n’aura alors pas besoin d’être obéi au « doigt et à l’œil » pour se rassurer sur son autorité. L’autorité n’est pas synonyme d’immédiateté ni de cris, surtout vis-à-vis d’un enfant de 2 ou 3ans. Les postures de l’adulte vont ainsi permettre :

– de se positionner comme maître de la situation en faisant des propositions,

– d’ouvrir le champ des possibles à l’enfant,

– de lui offrir la possibilité à chacun d’être en situation de gagnant/gagnant (l’enfant affirme son identité en choisissant/l’adulte réalise son projet de sortie en famille),

– d’enrichir le mode de pensée de son enfant et sa capacité à s’affirmer autrement qu’en disant non.

 

A l’âge de 2 ans/2 ans ½ , les « non » de l’enfant doivent plutôt être perçus comme une affirmation identitaire. Sachant cela, les parents auront la possibilité de prendre plus de recul et de se sentir moins vulnérables en éloignant l’idée que ce refus est contre eux.

 

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