Comment identifier et contourner les résistances de vos consultants lors d’un accompagnement thérapeutique ?

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un groupe de filles souriantes

En tant que thérapeutes vous avez peut-être déjà été confrontés à des résistances de la part de vos consultants. Des résistances qui peuvent être très marquées ou plus subtiles à détecter et qui peuvent prendre des formes très variées en fonction des individus. Comment identifier ces résistances et surtout comment réussir à vous adapter pour les contourner et aider vos consultants à atteindre leurs objectifs de mieux-être ?

Les craintes que peuvent ressentir vos consultants ne doivent pas être négligées : il est très important que vous les preniez en considération dans votre façon de les accompagner pour créer une alliance thérapeutique avec eux. Une fois que vous les avez identifiées, vous pouvez amener doucement le sujet :

– en l’abordant par petites doses,

– en lui donnant du sens pour permettre à la personne de se positionner et d’utiliser ensuite les solutions que vous lui proposerez.

Avec le temps, les peurs finissent par s’atténuer, mais pour y parvenir, il est essentiel d’instaurer une relation de confiance et d’écoute mutuelle avec vos consultants.

 

Les peurs et résistances en thérapie

Les peurs que peuvent ressentir vos consultants peuvent être :

– la peur du changement (« Qui vais-je devenir après cet accompagnement thérapeutique ?»),

– la peur de perdre le contact avec sa vie (« Ne vais-je pas perdre la maîtrise de ce que je vis en mettant en place des aménagements pour résoudre mes difficultés ? »),

– la peur de perdre le contact avec ce que l’on connaissait auparavant (« Qu’est-ce qui m’attend dans cet inconnu que représente le futur ? »),

– la peur de perdre le contrôle : l’accompagnement thérapeutique peut engendrer un sentiment de dépossession de son rôle (d’une maman avec son enfant) par exemple,

– la peur de perdre son temps,

– la peur de perdre le bénéfice secondaire que l’on a en étant en difficulté et de perdre l’attention que peut y porter son entourage (il faut s’assumer quand on va bien et que l’on ne génère plus de la pitié),

– la peur de perdre sa loyauté familiale, lorsque le fait d’avoir des difficultés protègent l’entourage et que leur résolution peut avoir des conséquences qu’on estime inquiétantes,

– la peur de découvrir des choses de soi que l’on n’a pas envie de voir (« Finalement, je suis moins fort/généreux/désintéressé/sûr de moi que ce que je pensais. »)

– la peur de se livrer en parlant de soi à une personne inconnue,

– la peur d’être jugé.

 

L’expression des peurs et résistances en thérapie

Les peurs en thérapies peuvent s’exprimer à plusieurs niveaux :

– par un non-respect du cadre,

– par la remise en cause du thérapeute,

– par le sabotage du temps de séance.

Le non-respect du cadre peut se traduire par les comportements suivants :

– l’annulation du rendez-vous (au dernier moment, quand on a commencé à aborder des sujets compliqués pour le consultant),

– la critique sur le tarif pratiqué par le thérapeute (« Vous êtes cher ! » ; « Comment peut-on s’arranger pour que je paye mes séances moins cher ? ». Cette forme de résistance peut être liée à l’égo (« Je n’ai pas envie de payer pour aller mieux. »), à la confiance en soi (« Je n’en vaut pas la peine de payer ce tarif là. ») et peut s’exprimer de manière directe en la verbalisant, ou de manière indirecte (en reportant sans cesse le paiement par exemple).

 

La mise en cause du thérapeute par le consultant peut quant à elle se traduire par :

– la remise en cause des propos et des propositions du thérapeute; dans ce cas de figure, soyez vigilants dans le fait de vouloir rassurer votre consultant pour lui prouver que vous êtes un « bon thérapeute » ;  en lui donnant trop, le résultat sera alors à l’inverse de celui escompté car la personne pourra se sentir affaiblie par tout ce que vous lui aurez donné,

– l’allusion à d’autres thérapeutes consultés par la personne par le passé (« Mon médecin m’a dit que…. ») qui peut être un moyen pour le consultant de tester votre fiabilité en tant que thérapeute et de savoir si elle peut vous accorder sa confiance. Ce comportement ne doit pas vous déstabiliser en tant que thérapeute ;  pour y répondre, n’hésitez pas rendre le contrôle de la situation à votre consultant. Dites-lui que s’il pense que vous n’êtes pas la bonne personne pour l’accompagner à résoudre ses difficultés, il est libre d’aller consulter un autre thérapeute.

Enfin, le sabotage du temps de séance peut s’exprimer par :

– votre consultant change de sujet ou se met à parler sans s’interrompre lorsque vous abordez un sujet qui le touche ou le fait souffrir,

– il énonce un sujet dont il ne faut surtout pas parler alors qu’en réalité c’est un sujet important,

– des échanges sur tout et rien sans entrer dans les vraies questions qui ont poussé la personne à consulter.

 

Des techniques thérapeutiques pour aider vos consultants à contourner leurs résistances

Tout d’abord, pour pouvoir contourner les résistances de vos consultants, il est essentiel de pouvoir être en mesure de les identifier : si votre consultant parle sans discontinuer par exemple, cela peut traduire une volonté de se cacher derrière un « rideau de paroles ».

Ensuite, il est important que vous soyez patients et que vous n’alliez pas plus vite que le rythme de votre consultant.

Il vous faudra parfois accepter qu’au cours de certaines séances, seuls des sujets banals et superficiels (séances « salon de thé ») seront abordés par votre consultant. Ces séances ont leur importance car elles permettent à votre consultant de prendre confiance dans le fait qu’il est respecté et que vous ne cherchez pas à exercer un pouvoir sur lui.

 

Il est également important de nommer les résistances identifiées chez votre consultant. En effet, parfois le consultant n’a même pas conscience de ses propres résistances !

 

Vous pouvez formuler ce que vous ressentez et lui demander s’il est d’accord avec ce que vous dites ou ce qu’il en pense. Ce ne sont ni des questions fermées qui ne permettraient pas de réponse autre que « oui » ou « non » ; ce ne sont pas non plus des questions ouvertes et abstraites, de type « Avez-vous des peurs ? » qui seraient incomprises, trop directes et brutales.

Pour contourner les résistances de vos consultants, l’idée est de débloquer la situation d’instaurer le dialogue et la confiance :

– « Je ressens que vous avez peur que nos séances vous fassent perdre le contrôle. Etes-vous d’accord avec cette idée ou est-ce que mon ressenti est erroné ?»

– « J’ai l’impression que vous êtes soucieux de ne pas trop vous dévoiler.»

– « Il me semble, en vous écoutant, que vous n’êtes pas à l’aise avec l’image que ce que vous ressentez donne de vous.»

Toutes ces formulations vont lui permettre de rebondir, de s’expliquer ou simplement de prendre conscience de ce que le consultant ressent et renvoie.

 

La respiration pour aider le consultant à lâcher prise sur ses résistances

Vous pouvez également aider votre consultant à contourner ses résistances et à lâcher prise en instaurant un moment dédié à la respiration en début de séance. Proposez 1 à 3 séries d’inspiration et d’expiration sur 5 ou 6 temps, selon que vous ressentiez de la tension chez votre consultant.

Cette technique va permettre :

– que le consultant abandonne les résistances de son mental et de son ego,

– de créer une phase de changement,

– d’atteindre un meilleur investissement dans la séance,

– d’enclencher un processus interne et de se couper de son environnement direct, notamment quand la consultation a lieu en visio ; cela remplace le sas de décompression qui peut avoir lieu au cours du temps de trajet, de l’arrivée au cabinet. ..

 

La Relaxation Profonde Active et les ressentis du corps

Cette technique peut être complétée par une phase de Relaxation Profonde Active, en invitant votre consultant à détendre d’abord son visage, puis sa tête, sa nuque, et ainsi de suite jusqu’aux pieds.  Cette phase de relaxation permet de multiplier par 100 la disponibilité du consultant à ce qui va se passer en séance.

Ensuite, un travail peut être mené sur les ressentis du corps qui peuvent exprimer des résistances à s’exprimer sur des sujets. En effet, le corps ne ment pas, il s’exprime.

Prenons l’exemple d’une jeune femme venue en consultation qui ressentait une sensation dans le ventre et qui avait à l’esprit l’image d’un lingot d’or. Par étapes, la discussion a finalement abouti sur des problèmes d’argent qu’elle rencontrait et dont elle avait du mal à parler.

 

Vous pouvez questionner votre consultant à l’issue d’une phase de relaxation afin de savoir s’il ressent des tensions qui subsistent dans son corps.

On peut citer l’exemple d’une jeune femme qui ressentait de l’eau dans son coude. Une image qui peut paraître très bizarre mais dont la bizarrerie traduit justement tout son intérêt ! Au fur et à mesure de la séance, il est apparu que cette consultant était en fait préoccupée par des querelles familiales entre des membres de sa famille dont l’un habitait en bord de mer.

 

En conclusion, il est à retenir que :

– les résistances font partie de l’appropriation du processus de changement de votre consultant, il ne faut pas en avoir peur !

– les regarder avec humour permet de les utiliser pour le bien-être du consultant, qui en prend alors conscience, et participe à donner du sens et à les inclure dans le processus de thérapie,

– en tant que thérapeute, vous allez d’autant mieux contourner les résistances de vos consultants si vous savez où vous voulez les emmener,

– vous serez juste en les intégrant à votre objectif dans l‘accompagnement de vos consultants.

 

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