Les vacances arrivent, vous vous réjouissez de ces journées qui annoncent le repos et le renouvellement de votre cadre de vie. Des journées attendues, mais un voyage parfois redouté : comment les enfants vont-ils se comporter ? Vous avez beau anticiper les pauses, les encas, les jeux, le(s) film(s) à regarder, vous savez d’expérience qu’un trajet long, en voiture, en avion ou en train peut toujours être source de conflits. De plus, en voiture, les conflits peuvent être source de danger pour le véhicule et ses occupants ; car un chauffeur qui se retourne est synonyme de danger.
Vos enfants sont alertés, vous les avez préparés, cependant les choses ne se passent pas toujours comme il le faudrait. Il est courant que les enfants se chamaillent à l’arrière du véhicule pendant que les parents s’agacent à l’avant, rendant tout déplacement en voiture pénible. Ces disputes peuvent vite devenir obsédantes au point d’inciter certains parents à renoncer à des projets de voyage. Alors comment gérer au mieux ces situations et faire rimer déplacement avec sereinement ? Explications.
Pourquoi les enfants se disputent ?
Pour commencer, il est important de savoir que, de manière générale, les disputes sont liées à des tempéraments, à des modes de fonctionnement des personnes. Elles sont le reflet de besoins primaires insatisfaits : votre enfant est fatigué, il s’ennuie ou bien il commence à avoir faim. Dans tous les cas, il ressent un malaise dont il n’est pas capable d’identifier la source, cela crée du stress et se chamailler avec son frère ou sa sœur est un moyen de se divertir, finalement ! L’opposition qui est générée occupe, permet d’attirer l’attention de ses parents, et accessoirement de provoquer les pauses tant espérées, qui, si elles apportent un peu de calme, ne font que repousser l’heure d’arrivée.
A cela s’ajoute que dans certaines familles, la dispute est inhérente au mode de communication entre les enfants et, plus globalement le reflet du mode de communication familial. Pour peu que les vacances choisies soient sous la forme d’un « road trip », il y a une accumulation de temps passé ensemble et une promiscuité de tous les instants. Ces éléments vont accentuer cette façon d’être. Mais, de façon plus générale, ces comportements interrogent le fonctionnement familial et les attentes de ses membres.
Si l’on se base sur le tempérament d’un enfant, celui qui s’exprime habituellement par le conflit a peu de chance de modifier les choses soudainement. A moins que l’on ne donne du sens à son mode d’expression.
Parents : intervenez au plus tôt pour proposer une solution au conflit entre les enfants
La première chose à faire est de prendre du recul. En tant que parents, vous aurez plus de facilité à être créatifs dans la réponse que vous apportez aux situations de conflits, si vous les considérez soit comme banals et finalement assez normaux : ces conflits ne sont pas dirigés contre vous, ni complètement contre le frère ou la sœur, ils ont un sens, qu’il faut repérer.
Commencez déjà en tant que parents à observer ce qui déclenche les conflits entre les enfants et les moments où ils se produisent. Une réponse sur le sujet du conflit ne suffit pas toujours à l’apaiser, en revanche, une réponse sur le sens du conflit aide davantage.
Par exemple, lors d’un road trip de traversée des Etats-Unis, une maman avait remarqué que, quasiment systématiquement 2 heures après le repas de midi, la tension montaient entre ses deux fils de 11 et 9 ans. Sa réponse a été d’avoir toujours un goûter à proposer dès les premiers mots d’agacements, et cela fonctionnait vraiment. Elle a mis de côté le fait que goûter deux heures après un repas lui paraissait un peu tôt, considérant que leur métabolisme exprimait son besoin dans le conflit qu’ils créaient parfois de toute pièce, sans élément déclencheur visible.
Il ne faut pas hésiter à intervenir afin que la situation ne dégénère pas et ne créé une tension inhabituelle, beaucoup plus difficile à calmer.
Nous parlons donc ici de conflits provoqués par les besoins physiologiques de votre enfant, et vous vous demandez probablement comment faire pour calmer ces conflits : cela signifie qu’il faut adapter vos réponses, non pas à l’événement, mais à ce qui provoque l’événement. Par exemple : au lieu de dire « Laisse ta sœur tranquille ! » (ici le sujet du conflit), il est préférable de dire « Je pense que tu embêtes ta sœur car tu as faim/ soif/envie d’arriver/sommeil … » (ici le motif du conflit) et compte tenu du motif , proposer la bonne solution. Par exemple « Dans ce cas, commence ton goûter/prends ton livre/repose toi »…
Pour le parent, l’important est d’intervenir suffisamment tôt dans le conflit afin que ce qui était peut-être au départ une provocation ne devienne pas une situation inextricable !
Il existe cependant une autre catégorie de disputes, que l’on pourra attribuer à des besoins psychologiques : les conflits de jalousie en sont un exemple. En effet, la situation d’un voyage intense peut parfois entraîner le sentiment de peur de perdre son identité :
– « Ai-je bien toute ma place dans cette histoire ? »
– « Est-ce que ma différence par rapport à mes frères ou sœurs est bien prise en compte ? »
– « Cette différence est-elle prise en considération de manière équitable ? »
Pour le parent, ce serait un piège de croire qu’il peut donner à chacun exactement la même chose et que la solution est dans cette égalité. D’une part, la façon dont les enfants évaluent ce qui se passe est totalement subjective. D’autre part, les besoins de chacun sont différents. La bonne stratégie s’inscrit bien entendu dans la durée : vous ne révolutionnerez pas les perceptions de vos enfants durant un trajet lui-même source de tension.
Il convient donc de responsabiliser les enfants entre eux, chacun se sentant important à sa manière, et de sortir de la dichotomie ou les parents sont les seuls capables de résoudre une difficulté que les enfants sont les seuls à poser. Il s’agit plus ici d’équité que d’égalité de traitement. L’équité consiste donc bien à adapter les offres faites à chacun en fonction de son âge et de son tempérament. Elle consiste aussi à féliciter et remercier celui qui a fait quelque chose pour l’autre. On peut confier une tâche du grand vers le petit, mais aussi du petit vers le grand.
Les tensions psychologiques, peuvent aussi trouver leur source dans des éléments extérieurs à la relation entre les membres de la fratrie, même si elles s’expriment, dans ce moment précis du voyage en voiture dans un conflit entre frères et sœurs.
Concrètement, votre enfant peut être très heureux de retrouver ses grands-parents, tout en ayant des craintes sur comment cela va se passer :
– votre enfant est content d’être en vacances mais il a peur de ne plus voir ses copains pendant 2 mois,
– votre enfant veut ci mais il a peur de cela…
Les exemples sont nombreux. Avoir en tête ces ambivalences vous permettra de lui donner la bonne réponse, la réponse qui dépasse le « Laisse ta sœur tranquille ! », au profit, de « Que penses-tu de retrouver un tel ? », « Es-tu content de retrouver ton vélo, la mer ? » ….
Cet exemple vient compléter le fait que la communication est essentielle, et même la « méta-communication, c’est-à-dire de ne pas forcément parler de la situation mais de ce qui la provoque.
La discussion et la communication pour apaiser les tensions
L’important dans les différents exemples qui viennent d’être donnés est d’établir une relation dans les deux sens entre l’enfant et l’adulte présent ou les enfants entre eux :
– calmer les tensions familiales par la communication,
– donner du sens,
– laisser de la place à l’expression des émotions, des peurs ou des joies,
– discuter librement et calmement tous ensemble sur ce que l’on va faire et à quel moment on va le faire,
permettra à chacun d’être partie prenante d’un projet familial et pas seulement consommateur (et de ce fait plus facilement critique).
Nous avons parlé ici du cas concret des situations de voyages, ou l’habitacle étroit d’une voiture, associé à la longueur d’un trajet, viennent exacerber les réactions des uns ou des autres. Mais quoi qu’il en soit, dans la vie quotidienne, il est plus constructif d’accompagner les enfants à prendre conscience de ce qui génère les conflits et de quelle façon les résoudre plutôt que de leur reprocher de se disputer sans en comprendre les raisons. Ainsi, les enfants une fois devenus adultes sauront mieux se parler et gérer leurs potentiels désaccords.
Belles vacances en famille !