La visualisation d’un cercle par le patient est un outil thérapeutique que j’utilise systématiquement dans mes accompagnements thérapeutiques. Sa puissance est chaque fois confirmée ; c’est pourquoi j’ai choisi de vous le partager ici, afin que vous puissiez à votre tour l’expérimenter et l’utiliser. Il permet au thérapeute d’accompagner ses patients à prendre conscience de leur positionnement en tant qu’individu et ainsi de faire évoluer leur état psychologique et leur situation personnelle ou professionnelle.
Beaucoup de personnes en souffrance psychologique rencontrent un problème de positionnement individuel. Il peut s’agir de troubles qui peuvent être liés :
- au positionnement personnel du patient (lorsqu’il se positionne face à lui-même),
- au positionnement du patient au sein de son noyau familial/de couple (parents, grands-parents, enfants, conjoint),
- au positionnement dans le milieu professionnel.
Il s’agit d’un outil thérapeutique qui permet de répondre à ces problématiques de mal-être et à améliorer l’état psychologique des uns et des autres.
Accompagner le patient à la prise de conscience pour faire évoluer sa situation
Cet outil d’accompagnement psychologique est un outil de visualisation facile à utiliser et qui permet de mettre en place des prises de conscience par le patient.
Dans un premier temps, il convient de placer le patient en position de relaxation profonde, de lui demander de fermer les yeux et d’imaginer un cercle autour de lui. Ensuite, de faire exprimer librement le patient sur la dimension qu’il donne à ce cercle et sur ce à quoi ressemble sa bordure :
- quelle est sa taille ?
- la frontière entre ce cercle et l’extérieur est-elle poreuse/rigide ?
- est-elle bien définie ?
- a-t-elle des limites ?
Telles peuvent être des questions qui peuvent faciliter l’expression personnelle et personnalisée du patient.
La représentation du cercle exprimée par le patient peut déjà en dire beaucoup sur sa position personnelle vis-à-vis de la vie. En réalité cette représentation symbolise la position du patient par rapport à son aura, cette atmosphère immatérielle qui semble émaner d’une personne. Il est important de ne pas en donner la signification d’emblée au patient, pour ne pas induire la réponse qu’il peut vous donner. S’il connait le sens de la taille de ce cercle par exemple, il risquera de vous répondre ce qu’il croit être la bonne réponse, et non ce qu’il ressent spontanément lorsque vous lui posez la question.
La taille du cercle
Certaines personnes vont se représenter un cercle très grand, d’autres un cercle très petit, d’autres encore un cercle de taille moyenne.
L’expérience montre qu’un patient qui se représente un cercle de petite taille se ressent comme à l’étroit dans sa vie, se laissant peu de place, avec un niveau de confiance en lui et de liberté intérieure assez faible. Cela se traduit dans sa vie par un sentiment d’oppression, de la gêne et une difficulté réelle à prendre sa place.
Une gêne que le patient qui se représenterait un cercle de très grande taille pourra ressentir tout autant, en sous-entendant un problème de délimitation avec l’autre. Il est perdu entre lui et l’autre, son identité est mal définie. Cela peut générer une difficulté à se positionner dans les relations avec autrui : que ce soit dans une maladresse à trop envahir l’espace des autres, ou bien une attente trop forte que les autres viennent remplir son espace à lui. Dans les deux cas il s’agit d’une difficulté de définition de son identité, qui entraine une difficulté d’affirmation. Au quotidien, ces personnes peuvent se sentir pas suffisamment aimées, ou bien être perçues comme envahissantes, sans en avoir conscience.
La question de la délimitation du cercle représenté
Un cercle perçu comme totalement ouvert pourrait être associé à un trouble de l’identité du patient avec lui-même (avec son « moi »), à la façon dont il se situe par rapport aux autres.
Un cercle perçu comme totalement fermé et rigide pourrait représenter l’idée de la mise en place d’un système de défense par le patient. Le thérapeute pourra soumettre l’idée au patient de se montrer plus en souplesse ce qui permettrait une ouverture aux autres.
A contrario, un cercle très poreux peut mettre en exergue une indifférenciation entre le patient et les autres. Le thérapeute peut alors conseiller au patient de fermer un peu cette porosité et ainsi d’avoir la possibilité de se sentir moins oppressé par la présence de l’autre.
Pour illustrer ces propos, on peut évoquer la situation d’un enfant victime de harcèlement scolaire. En travaillant sur « son cercle », il est apparu que celui-ci était devenu très étroit au fur et à mesure qu’il perdait confiance en lui. Lorsqu’un autre enfant l’insultait, il intégrait à son identité les propos qui lui étaient adressé. Par exemple, si un autre enfant lui disait : « tu es moche », il l’interprétait en « je suis moche ». En retravaillant sur le contenu de son cercle, sur tout ce qui constituait son identité (ce qui fera l’objet d’un autre article), et sur une délimitation plus claire entre lui et les autres, cet enfant a appris à ne plus s’approprier les insultes et ainsi à ne plus ressentir la perte de confiance en lui qui en découlait.
La position du patient par rapport à ses proches
Dans un second temps, il est demandé au patient d’imaginer ses proches (un parent, son conjoint ou son enfant par exemple) dans leurs cercles et d’exprimer à quelle distance du sien ils se situent. Cette visualisation permet de traduire la vision qu’a le patient de lui-même et de mieux comprendre sa position par rapport aux autres.
Cette technique permet à la fois de discuter de la position du patient par rapport aux autres dans sa sphère familiale (avec ses parents par exemple) ou de couple (avec son conjoint). Elle permet de révéler au patient des aspects de protection, de domination ou d’éloignement par exemple, d’en prendre conscience et de mettre des mots sur ce qu’il ressent.
Les éléments que le patient partage avec le thérapeute sont extrêmement significatifs, et permettent de toucher du doigt des problématiques qui sont souvent ignorées par le patient lui-même. Je constate que réfléchir à rééquilibrer ce cercle, ses frontières, et la position de celui-ci par rapport aux autres, est un préalable à la résolution d’une des difficultés du consultant. Il en découle des résultats et des prises de conscience très concrètes pour le patient.
Prenons l’exemple (réel) d’une personne d’une trentaine d’années, qui visualisait son cercle, superposé à celui de sa mère. Je lui demande si compte tenu de son âge, cette proximité ne serait pas un peu trop grande, pour que, dans un sourire, il réalise la nécessité pour lui de rééquilibrer ses relations avec sa mère. Il ne s’agit pas de juger la situation, mais en tant que thérapeute notre rôle est aussi de renvoyer au patient le déséquilibre qui entrave sa capacité d’action, et ainsi de lui en redonner les clés.
Ce travail de changement de position peut être facile à réaliser pour certains patients et plus difficile pour d’autres. Selon le niveau de difficulté éprouvé par le patient, le thérapeute devra mener un travail d’analyse plus profond.
Cet outil thérapeutique de visualisation peut également être utilisé dans le cadre de l’accompagnement psychologique des patients en souffrance dans leur cadre professionnel (dans des liés à de la frustration au travail, des difficultés liées au management ou bien encore de harcèlement moral, par exemple).
En résumé, il s’agit d’un outil d’une grande puissance que le thérapeute peut, dans un premier temps, expérimenter sur lui afin de mieux le percevoir.
Il permet de travailler à la fois sur le ressenti et le besoin du patient et de mener à l’action pour faire évoluer sa situation.
Le patient détient ainsi les clefs pour lui permettre de s’affirmer comme individu ayant droit à son existence.
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