Aude de Villeroché, fondatrice du réseau Soignants dans le Monde partage des outils qu’elle a mis en place pour permet à une personne qui vient consulter un thérapeute, de repérer sa propre identité. On entend par identité, non pas la personnalité, mais plutôt la conscience de soi et la création de soi du consultant.
Dans la pratique de son métier de psychologue, Aude a pu remarquer que ses consultants n’ont pas toujours conscience d’eux-mêmes voire même qu’ils ont développé une blessure de la conscience de soi. Ces personnes vont se poser des questions du type :
– « Qu’est-ce que je peux faire dans telle situation ? »
– « Quelle pourrait être la solution magique à mon problème ? »
De par ces questionnements, ces personnes considèrent que la solution à leur problème est extérieure à elles-mêmes. Par l’utilisation de certains outils dans le cadre de l’accompagnement thérapeutique que vous leur proposez, votre objectif va être :
– d’amener ces personnes à se reconnecter à leur identité,
– de les aider à trouver des solutions par elles-mêmes.
Il est préférable d’utiliser ces outils très en amont de l’accompagnement thérapeutique que vous leur proposerez, dès les premières séances. En effet, le travail sur l’identité du consultant et les prises de conscience qu’il génère est fondateur pour le travail de thérapie que vous engagerez et pour sa bonne intégration par le consultant.
Les outils pour permettre à vos consultants de travailler sur leur identité
Ces outils, très concrets, peuvent tout aussi bien être utilisés auprès d’un public adulte comme chez les enfants. Ces outils sont construits sous la forme d’exercices proposés aux consultants pour conforter leur conscience d’eux-mêmes.
Ces exercices permettent de balayer quatre aspects :
– l’ancrage à l’intérieur de soi,
– la dimension de l’aura et ce qu’elle dit de leur position dans le monde,
– sa propre position vis-à-vis des autres
– l’identification de ce qui fait notre identité.
L’ancrage à l’intérieur de soi
On peut définir l’ancrage comme la conscience de son corps, du sol sous ses pieds et de la nécessité d’agir dans l’instant.
En tant que thérapeute, vous pouvez repérer des signes d’absence ou de blessure de conscience de soi, tels qu’ :
– une personne qui se noie et vous noie dans ses paroles,
– un enfant qui va dessiner sa famille avec un sol placé très haut dans la page,
– une personne qui ne se situe jamais comme un sujet dans son discours mais qui pense que tout vient des autres,
– etc…
Cependant, même si vous ne repérez aucun de ces signes, il est toujours utile d’aider la personne à se recentrer en début de séance, grâce à deux pratiques complémentaires :
– la respiration, en invitant votre consultant à fermer les yeux, à se détendre, puis à inspirer/expirer sur 6 temps que vous énoncerez à voix haute ; puis à répéter l’exercice à 2 reprises,
– la relaxation, en invitant le consultant à détendre toutes les parties de son corps. Vous pouvez l’accompagner en décomposant l’exercice, en commençant par le visage, puis l’arrière de la tête, puis le cou, la nuque, les épaules, etc. jusqu’à la plante des pieds.
Un exercice qui permet de renforcer l’ancrage, dans la présence à soi et à ce qu’on ressent, et dont les procédés thérapeutiques sont précisés dans l’article sur la Relaxation Profonde Active.
La dimension de l’aura du consultant et ce qu’elle dit de sa relation au monde
Après ce temps de relaxation, vous pouvez proposer à votre consultant d’imaginer un cercle autour de lui qui symbolise l’énergie qu’il a autour de lui, son aura. Certains consultants vont visualiser un cercle très étroit (qui peut signifier un manque de confiance en soi, des peurs, etc.), d’autres vont percevoir un cercle très large (et en fait trop large) qui peut mettre en avant des limites à l’autre non définies, une différenciation complexe, ou encore un besoin de puissance et de contrôle sur l’autre.
Cette représentation peut vous donner beaucoup d’informations sur votre consultant :
– son niveau de confiance en lui,
– ses aspirations,
– son envie de prendre une place dans son environnement,
– etc.
La qualité des bords du cercle peut également révéler de nombreuses caractéristiques de sa relation aux autres, par exemple :
– sa facilité d’adaptation mais aussi son manque de discernement (bords souples)
– sa rigidité à la conscience de soi voire une fermeture défensive (bords rigides)
Vous pouvez également demander à votre consultant d’indiquer ce qu’il mettrait dans son cercle. Il est important que cela ne soit pas des personnes mais des choses qui sont liées à lui, à ses goûts, à ce à quoi il tient. Par cet exercice, on cherche à amener la personne à exprimer ce qu’elle possède et ce que sont ses singularités, comme par exemple :
– un chiffon noir, qui va symboliser sa colère,
– une paire de baskets, qui représente sa passion pour la course à pieds,
– des pinces à cheveux parce qu’elle porte une attention particulière à son apparence physique,
– le logo d’un parti politique auquel elle est affiliée,
– un livre en allemand, car elle maîtrise cette langue,
– etc.
Vous pouvez inciter votre consultant à ajouter autant de choses qui le définiront et qu’il souhaiterait intégrer dans son cercle. Cela lui permettra de se livrer de plus en plus et d’intégrer des centres d’intérêt auxquelles il n’ose peut-être pas accorder trop de place et d’arriver ainsi à définir ce qui fait partie de son envie, de son intention.
Si vous êtes amenés à accompagner un enfant, vous pouvez décliner cet exercice en lui demandant de se dessiner sur une feuille de papier puis de dessiner ou représenter par des mots toutes les choses qu’il souhaite ajouter autour de lui.
In fine, cet exercice va vous permettre d’amener votre consultant (adulte ou enfant), à prendre conscience de tout ce qu’il possède en lui, de qui il est, de ses compétences, de ses passions, de ses émotions… En prenant conscience de tout cela, il va ainsi pouvoir :
– restaurer sa conscience de lui,
– se rendre compte qu’il a des talents,
– développer une autonomie, que ses proches lui ont peut-être toujours niée ;
– identifier quelles sont ses ressources, ses forces,
– réaliser sa richesse.
Par conséquent, le consultant va se rendre compte de la richesse de sa personnalité et du potentiel d’action qu’il porte. L’exercice permet aussi de travailler l’image que le consultant a de lui-même, de comment il se voit, comment il perçoit ses propres réalisations. Il en tirera aussi une conscience de sa capacité à faire face à difficultés et à prendre des décisions qui soient bonnes pour lui.
Une des difficultés que l’on rencontre, lorsque l’on propose ce protocole à un patient, est sa crainte d’être perçu comme orgueilleux, il pourra dire : « J’ai telle compétence mais je ne veux pas la mettre dans mon cercle car j’aurais l’impression de m’en vanter ». Votre rôle sera alors de ramener la personne à ce qu’elle est, de lui faire prendre conscience que reconnaître ses goûts et ses réalisations, n’est pas en soi de l’orgueil, en revanche c’est bien son attitude par rapport à ses compétences qui créent ou non de l’orgueil. Etre très clair sur cette nuance permet à votre consultant de se détacher de la peur du jugement de l’autre, très souvent en lien avec son éducation. Nombreuses sont les personnes qui ont entendu dans leur enfance « il ne faut pas se vanter », ou bien « se prendre au sérieux » … au détriment de leur confiance en eux, que nous cherchons à restaurer à travers cet exercice.
Toute ces informations vont vous aider à faire avancer votre consultant dans sa réflexion et à l’amener à trouver des solutions pour se sentir mieux avec lui-même et avec les autres dans sa relation au monde.
La position du consultant vis-à-vis des autres
Elle caractérise également l’identité du consultant, qui par la visualisation permet aussi une action représentée et pas seulement intellectuelle. Par exemple, un enfant pourra situer son père loin de lui et sa mère proche de son cercle.
Ces informations permettront au thérapeute de connaître les leviers qu’il peut actionner, à les expliquer à son consultant adulte et à l’inciter à réfléchir à des pistes de prise de conscience et d’actions possibles à mettre en place.
Ces prises de conscience permettent à la fois de faire évoluer le consultant à l’intérieur de lui, voire de faire évoluer ses relations aux autres. On peut prendre l’exemple d’une situation de proximité trop importante entre une maman et son enfant qui va déséquilibrer la relation parentale et finalement fausser l’image que l’enfant a de lui-même en se croyant plus grand qu’il ne l’est, ce qui, à long terme, va s’avérer néfaste pour lui.
En tant que thérapeute, en savoir plus sur la position du consultant vis-à-vis des autres va également vous permettre d’identifier ses fragilités et ce vers quoi il faudra tendre pour qu’il regagne du bien-être. Pour cela, je vous conseille de n’expliquer que très progressivement le sens de ce que vous faites à votre consultant afin de que sa compréhension intellectuelle ne vienne pas perturber l’émergence de sensations qui pourraient être significatives.
Des variantes à cette démarche de visualisation restent possibles et sont notamment adaptées à un public d’enfants, comme par exemple :
– utiliser des Post It ou des ronds en papier, sur lesquels sont inscrits le nom de chacune des personnes qui constituent son environnement familial et les déplacer sur le bureau, ce qui permet de travailler sur la position de chaque membre, sur l’organisation de la famille… Cet outil facilite la visualisation par le schématisation, ce qui peut être facilitant pour le consultant,
– utiliser des petites figurines (dinosaures, poupées, etc.).
Au travers de tout ce que nous avons pu voir dans cet article, on peut dire que l’identification de son identité par le consultant va ainsi lui permettre de trouver le chemin vers :
– une meilleure conscience de lui-même,
– une restauration de sa confiance en lui,
– son droit à exister en dehors de certaines normes ou d’une certaine image que l’entourage a associée à lui,
– son indépendance vis-à-vis de certains modèles,
– sa capacité à agir et à se servir de ses talents dans la société.
En tant que thérapeute, si vous assemblez toutes ces informations et les résultats obtenus par ces 4 approches, votre consultant :
– sera davantage ancré dans le réel,
– se connaîtra mieux lui-même,
– comprendra mieux ses relations avec les autres,
– renforcera progressivement sa capacité à conduire sa vie.
Cela vous permettra également de mieux le connaître et de permettre les prises de consciences bénéfiques pour son bien-être ou sa guérison.
Une personne qui va bien est une personne dont l’entourage ira mieux. En ayant une meilleure conscience de lui-même et de ce qui le mobilise, votre consultant n’aura plus le besoin inconscient d’être colérique, injuste, etc, et finalement déstabilisant pour lui-même et ses proches.
Le meilleur service que nous pouvons rendre à nos consultants est de les aider à trouver une paix suffisamment solide en eux, pour fonctionner aisément dans leur vie et auprès de leur entourage familial. Cette paix passe par une vraie conscience de son identité, de ses atouts et de son droit à exister.
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